
Une nouvelle discussion a émergé dans l’écosystème Solana après que le PDG de Helius Labs, Mert Mumtaz, a suggéré que Solana pourrait bénéficier de son propre stablecoin. Il a expliqué qu’un dollar numérique axé sur Solana pourrait recycler le rendement de ses réserves dans l’écosystème, soit en achetant, soit en brûlant du SOL.
Dans un post publié le 10 septembre, Mumtaz a qualifié l’idée « d’évidence », laissant d’abord entendre une intégration au niveau du protocole avant de préciser ensuite que les sociétés de trésorerie d’actifs numériques (DATs) pourraient être mieux adaptées à ce rôle. Son raisonnement repose sur un problème clé : Solana héberge actuellement de grands volumes de stablecoins, mais le rendement généré par leurs réserves profite à des plateformes concurrentes plutôt qu’à Solana elle-même.
Mumtaz a décrit les stablecoins comme des marchandises et a averti que Solana perd un potentiel économique précieux en s’appuyant sur des émetteurs externes. Il a noté que certains stablecoins présents sur Solana génèrent un rendement qui revient à Coinbase et Circle, lesquels le réinvestissent dans des initiatives centrées sur Ethereum comme Base, un réseau de couche 2.
Bien que la classification juridique des stablecoins dans le cadre du GENIUS Act américain les place en dehors des lois traditionnelles sur les valeurs mobilières et les matières premières, l’impact économique reste significatif. Les émetteurs de stablecoins conservent le rendement des réserves — souvent issues de bons du Trésor américain — et l’utilisent pour développer leurs activités.
Pour Mumtaz et d’autres partisans de Solana, la question clé est la suivante : pourquoi l’activité de Solana devrait-elle générer des milliards de profits pour des concurrents, alors que ces mêmes fonds pourraient renforcer l’écosystème du SOL ?
La discussion a rapidement pris de l’ampleur au sein de la communauté des développeurs Solana. Un projet, KAST, s’est publiquement engagé à concevoir un stablecoin appelé USDK, qui dirigerait 101–103 % de ses revenus de réserve vers l’achat de SOL. Selon les déclarations de son PDG, le surplus au-dessus de 100 % serait utilisé comme dépenses marketing, tandis que l’essentiel des revenus soutiendrait l’écosystème Solana via des rachats de jetons.
KAST prévoit de collaborer avec la fondation m^0, qui développe des dollars numériques programmables et spécifiques aux applications. En reliant directement le rendement des réserves aux achats de SOL, la proposition de KAST représente l’une des premières tentatives concrètes pour aligner l’économie des stablecoins avec la croissance à long terme de Solana.
Le mécanisme est relativement simple :
Un stablecoin basé sur Solana détient des réserves, généralement en bons du Trésor américain.
Le revenu généré par ces réserves est capté par l’émetteur.
Au lieu de conserver ce rendement comme profit, l’émetteur (ou une structure de trésorerie telle qu’un DAT) l’utilise pour acheter du SOL sur le marché.
Ces jetons sont soit brûlés, réduisant l’offre, soit réinvestis dans des programmes de l’écosystème.
Ce modèle garantit que chaque dollar d’activité stablecoin sur Solana contribue directement à la valeur et à la durabilité du SOL, plutôt que de financer des réseaux concurrents.
Les propos de Mumtaz ont suscité des comparaisons plus larges avec d’autres écosystèmes. Sur Ethereum, l’USDC joue un rôle dominant, avec Coinbase et Circle se partageant les revenus issus des réserves. Le réseau Base de Coinbase est rapidement devenu un hub de l’activité stablecoin, créant une dynamique concurrentielle claire.
Pour les partisans de Solana, c’est un signal d’alarme. Laisser des milliards de transactions en stablecoin générer des profits réinvestis dans des écosystèmes rivaux est de plus en plus perçu comme stratégiquement insoutenable.
Le cofondateur de Multicoin Capital, Tushar Jain, a rejoint le point de vue de Mumtaz, soulignant que d’autres projets comme Hyperliquid redirigent déjà les rendements des stablecoins vers leurs jetons natifs. Selon lui, Solana devrait adopter des pratiques similaires pour éviter de perdre de la valeur économique au profit de concurrents.
Le GENIUS Act, adopté en juillet, a clarifié le cadre réglementaire des stablecoins de paiement aux États-Unis. La loi a confirmé que les stablecoins ne sont pas classés comme des valeurs mobilières ou des matières premières, les plaçant principalement sous la supervision bancaire. Point essentiel : l’Acte interdit aux émetteurs de distribuer le rendement directement aux détenteurs, ce qui garantit que les revenus de réserve restent entre les mains des émetteurs ou de leurs affiliés.
Cette structure offre aux émetteurs la flexibilité d’utiliser les profits de réserve de manière créative. Pour Solana, cela ouvre la porte à des DATs ou à des entités soutenues par des fondations pour concevoir des stablecoins qui réinvestissent les revenus dans l’écosystème, sans entrer en conflit avec les exigences réglementaires.
À ce stade, l’idée reste une proposition. Il n’existe aucun vote de gouvernance ni de proposition d’amélioration de Solana (SIP) pour formaliser un stablecoin natif. Mumtaz a lui-même souligné que la voie à suivre passerait probablement par la concurrence entre DATs et émetteurs plutôt que par des changements au niveau du protocole.
Néanmoins, l’élan se construit. Avec des projets comme KAST qui s’engagent déjà à diriger le rendement vers le SOL, Solana pourrait voir émerger plusieurs options de stablecoins alignées sur son écosystème. Que cela devienne une tendance dominante ou reste une expérimentation de niche dépendra de l’adoption, de la liquidité et de la confiance des utilisateurs.
Le débat autour d’un stablecoin basé sur Solana reflète un changement plus large dans la crypto : les écosystèmes prennent de plus en plus conscience que celui qui contrôle les rendements des stablecoins contrôle le pouvoir économique à long terme. En réorientant les revenus de réserve pour soutenir le SOL, Solana pourrait réduire sa dépendance vis-à-vis des concurrents et renforcer sa base financière.
Bien qu’il soit encore tôt, la discussion met en lumière la culture de l’expérimentation rapide et de l’innovation pilotée par le marché de Solana. Si elle réussit, la création d’un stablecoin centré sur Solana pourrait remodeler le paysage économique du réseau et offrir un nouveau modèle pour aligner l’activité stablecoin avec la valeur du jeton natif.
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