
En octobre 2025, Vladimir Poutine a réaffirmé l’engagement de la Russie envers la coopération au sein des BRICS, soulignant que l’objectif n’est pas de s’opposer à d’autres économies puissantes, mais de renforcer l’indépendance économique mondiale. Lors d’une récente allocution, le président russe a clarifié que la réorientation vers des transactions non libellées en dollars est avant tout une réponse aux besoins économiques actuels et une volonté de diversifier les échanges internationaux.
En effet, le groupe des BRICS, composé du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud, a intensifié ses efforts pour réduire sa dépendance au dollar américain. Cette démarche vise à favoriser une plus grande autonomie et à encourager un système financier multipolaire. En 2024, le commerce intra-BRICS non libellé en dollars a connu une augmentation de 20%, illustrant un changement significatif dans les pratiques commerciales du bloc.
Historiquement, le dollar a tenu un rôle central dans l’économie mondiale depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, lorsque l’accord de Bretton Woods a établi le système monétaire international basé sur le dollar. Cependant, face à des conditions géopolitiques changeantes et aux sanctions économiques, plusieurs pays cherchent aujourd’hui à diversifier leurs réserves de devises et leurs méthodes de transaction pour réduire leur vulnérabilité.
Poutine a souligné que cette transition n’est pas une attaque directe contre le dollar, mais plutôt un ajustement stratégique face aux réalités économiques modernes. Selon lui, il s’agit d’une réponse logique aux restrictions économiques qui ont impacté ces nations, poussant à la recherche d’alternatives viables. Le président russe a également exprimé que la diversification des monnaies dans les échanges commerciaux pourrait conduire à une plus grande stabilité économique mondiale, en particulier pour les pays émergents.
Cependant, certains analystes émettent des réserves quant à la faisabilité de cette dé-dollarisation. Il est à noter que le dollar reste une monnaie de réserve dominante en raison de sa stabilité et de sa liquidité. Les infrastructures financières mondiales sont largement basées sur le dollar, ce qui pourrait compliquer les tentatives de transition vers d’autres devises. De plus, toute dévaluation importante du dollar pourrait entraîner des perturbations économiques globales, affectant par extension les économies du BRICS elles-mêmes.
Malgré ces défis, les BRICS ont entrepris plusieurs initiatives pour renforcer leur coopération monétaire. Un exemple récent est la mise en place de systèmes de paiement alternatifs et l’augmentation des réserves en or pour stabiliser leurs monnaies nationales. Par ailleurs, des discussions ont été entamées pour la création d’une nouvelle monnaie commune, bien que cette idée soit encore en phase conceptuelle et soulève des questions quant à sa mise en œuvre et son acceptation internationale.
Au niveau politique, le soutien de la Russie à cette stratégie est également motivé par le besoin de contourner les sanctions économiques imposées par les pays occidentaux. Ces restrictions ont incité Moscou à explorer d’autres avenues économiques, forgeant ainsi des alliances plus étroites avec les pays du Sud global et promouvant des accords bilatéraux en dehors de l’influence américaine.
Dans un contexte plus large, la tentative de diversification monétaire par les BRICS pourrait inspirer d’autres regroupements économiques en Asie, en Afrique et en Amérique latine à repenser leur dépendance au dollar. L’Union économique eurasiatique, par exemple, observe de près ces développements dans le but de renforcer sa propre résilience face aux chocs économiques externes.
En conclusion, la stratégie des BRICS, telle que défendue par Poutine, semble être une réponse à la dynamique mondiale actuelle plutôt qu’une attaque frontale contre le dollar. Toutefois, la voie vers une véritable diversification monétaire est semée d’embûches, nécessitant une coordination accrue et une innovation continue parmi les nations impliquées. Le succès de cette entreprise pourrait potentiellement redéfinir l’équilibre économique mondial, mais il reste à voir comment ces ambitions se concrétiseront dans un paysage financier global dominé par le dollar.
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