Le PDG d’Uniswap Labs, Hayden Adams, a récemment suggéré que Solana pourrait être mieux adaptée qu’Ethereum pour construire des applications de finance décentralisée (DeFi) directement sur une blockchain de couche 1 (Layer 1). Selon Adams, Solana bénéficie d’une feuille de route plus solide, d’une approche de développement plus unifiée et d’une équipe mieux positionnée pour soutenir la croissance de la DeFi centrée sur le Layer 1.

Ethereum, longtemps leader parmi les plateformes de contrats intelligents, a orienté ces dernières années sa stratégie vers une approche modulaire centrée sur les réseaux de couche 2 (Layer 2), également appelés rollups. Ces solutions visent à désengorger le réseau et à réduire les frais en exécutant les transactions hors chaîne, tout en les réglant sur la couche principale (mainnet) d’Ethereum. Si cette stratégie a permis d’améliorer l’évolutivité, elle a aussi introduit une complexité croissante pour les utilisateurs et les développeurs.

Adams a exprimé des inquiétudes face à ce virage, se demandant si la vision à long terme d’Ethereum ne s’éloigne pas trop de son modèle initial. Il a souligné que Solana, avec son architecture monolithique — où l’exécution des transactions, la disponibilité des données et le consensus sont gérés au même endroit — offre une expérience plus simple et plus fluide pour le développement et l’utilisation de la DeFi. Ses remarques laissent entrevoir une frustration croissante chez certains acteurs de l’écosystème Ethereum, qui estiment que la plateforme s’éloigne de ses atouts fondamentaux en s’appuyant trop sur des couches de scalabilité externes.

Il a également remis en question la logique pour les développeurs et la communauté Ethereum d’envisager d’abandonner des années d’investissement dans la couche de base du réseau, alors même que sa feuille de route touche à son terme. Bien qu’Adams ait affirmé qu’il accepterait une stratégie axée sur la couche 1, il a reconnu que cela impliquerait des compromis majeurs — probablement en termes de performances et de maintien de la décentralisation.

À l’opposé de la position d’Adams, l’un des défenseurs d’Ethereum, David Hoffman, cofondateur de Bankless, a récemment pris la défense de la stratégie actuelle d’Ethereum. Dans un article à paraître, Hoffman affirme qu’Ethereum doit rester le centre névralgique de l’activité DeFi. Il décrit Ethereum comme la seule blockchain ayant fourni de manière constante une infrastructure de contrats intelligents décentralisés avec une disponibilité parfaite (uptime), et soutient qu’aucun autre réseau n’égale aujourd’hui la combinaison de fiabilité, de sécurité et de soutien des développeurs qu’offre Ethereum.

Pour Hoffman, Ethereum reste la meilleure option à long terme pour héberger les applications et les actifs décentralisés, malgré la complexité introduite par les rollups et autres solutions de scalabilité. Il insiste sur le fait qu’Ethereum doit continuer d’être l’endroit où les développeurs construisent, où les utilisateurs interagissent, et où les actifs circulent — en d’autres termes, que le réseau peut encore accueillir la DeFi directement sur la couche 1, même en poursuivant son expansion modulaire.

Au cœur de ce débat se trouve une divergence philosophique sur la manière la plus efficace de faire évoluer les blockchains. Ethereum mise sur un écosystème à plusieurs couches, distribuant l’activité à travers des rollups, sidechains et autres solutions. Solana, de son côté, optimise une blockchain haute performance tout-en-un, qui gère tout sur une seule et même couche.

La discussion suscitée par les propos d’Adams met en lumière l’évolution continue de la DeFi et l’importance des choix d’infrastructure dans la construction de la finance de demain sur la blockchain. À mesure que l’écosystème mûrit, l’industrie pourrait adopter de plus en plus une réalité multi-chaînes, dans laquelle différentes blockchains répondent à différents besoins. Mais pour l’instant, le débat reste vif entre architecture monolithique et approche modulaire, avec des voix influentes dans la crypto qui proposent des visions radicalement différentes de l’avenir.