Arbitrum, la solution de mise à l’échelle de niveau 2 d’Ethereum, fait des vagues majeures dans la finance décentralisée (DeFi)—mais pas pour la raison à laquelle on pourrait s’attendre. Bien que son token natif, ARB, continue de baisser, l’écosystème des actifs réels (RWA) du réseau a connu une explosion silencieuse de sa valeur. Depuis début 2024, les RWAs tokenisés sur Arbitrum ont augmenté de 200 000 $ à plus de 200 millions de dollars, soit une augmentation stupéfiante de 1 000x en moins de 12 mois.

Cette montée en flèche de l’adoption des RWAs positionne Arbitrum comme un acteur majeur dans la prochaine évolution de la DeFi, où les versions tokenisées des actifs traditionnels—comme les bons du Trésor américain, les obligations, les actions et l’immobilier—sont intégrées dans des protocoles basés sur la blockchain. À l’origine de cette croissance, le programme Stable Treasury Endowment Program (STEP) de l’Arbitrum DAO, qui a alloué 85 millions de tokens ARB pour soutenir des actifs stables générant des rendements et diversifier le trésor de la DAO au-delà des tokens crypto volatils.

Selon Arbitrum, une nouvelle allocation de 35 millions de tokens ARB pour le STEP 2.0 a récemment été approuvée, renforçant son engagement à créer un écosystème plus résilient et favorable aux institutions. L’impact a été indéniable. Les bons du Trésor américain dominent désormais le marché des RWAs d’Arbitrum, représentant 97 % de la valeur totale. Parmi les contributeurs clés, on trouve le fonds BENJI de Franklin Templeton, qui détient 36 % de part de marché. Les bons du Trésor européens tokenisés de SPIKO suivent de près avec une part de 18 %.

La plateforme connaît également une vague d’innovation de la part de plateformes émergentes de tokenisation telles que Dinari, qui propose des versions en chaîne d’actions traditionnelles, d’ETFs et de REITs via sa plateforme dShares. Actuellement, plus de 18 produits RWA sont actifs sur Arbitrum, couvrant plusieurs classes d’actifs.

L’intérêt institutionnel a explosé parallèlement à cette croissance. Dans un post récent, Arbitrum a mis en avant plus de 4,7 milliards de dollars en stablecoins et 214 millions de dollars en RWAs déployés sur le réseau—soulignant son statut croissant en tant que hub de liquidité pour les produits financiers à la fois crypto-natifs et traditionnels.

Cependant, malgré le succès de l’écosystème, le token ARB continue de sous-performer, en baisse de 88 % par rapport à son plus haut historique. Avec un déblocage massif de 92,63 millions de tokens ARB imminent et seulement 46 % de l’offre totale de tokens en circulation, les investisseurs s’inquiètent de la dilution future et du manque d’accumulation directe de valeur du token grâce à l’essor des RWAs.

Ce décalage entre les fondamentaux du réseau et la performance du token a créé un paradoxe : tandis que la plateforme prospère, les détenteurs de tokens restent prudents.

Au-delà d’Arbitrum, le marché plus large des RWAs connaît une révolution silencieuse. Selon DeFiLlama, la valeur totale verrouillée (TVL) des RWAs en chaîne a grimpé à 11,17 milliards de dollars, plus du double de l’année précédente. Ethereum est en tête de la charge, hébergeant près de 80 % de tous les RWAs tokenisés, grâce à une infrastructure de confiance, une familiarité réglementaire et une profondeur de liquidité.

Les bons du Trésor américain tokenisés et l’or sont actuellement les deux actifs les plus demandés. Le fonds BUIDL de BlackRock détient à lui seul plus de 2,38 milliards de dollars en bons du Trésor tokenisés. Pendant ce temps, l’or tokenisé a dépassé 1,2 milliard de dollars, alimenté par une demande croissante pour des actifs réels en raison de l’incertitude macroéconomique.

Les experts de la DeFi soutiennent que le passage aux RWAs est plus qu’une simple tendance—c’est la base de la finance future. Des protocoles comme Pendle, Morpho et Frax intègrent déjà des mécanismes de rendement réel dans la DeFi, en utilisant les RWAs tokenisés pour assurer la stabilité à long terme.

Bien que l’action actuelle du prix d’Arbitrum ne reflète pas l’évolution rapide du réseau, les bases sont posées pour un écosystème DeFi plus mature et axé sur l’utilité. Si la tokenomics évolue pour capter davantage de la valeur créée, ARB pourrait éventuellement bénéficier de l’écosystème qu’il aide à alimenter.

Pour l’instant, Arbitrum prouve que l’avenir de la DeFi réside dans les actifs réels—pas seulement dans le battage médiatique, mais dans une véritable valeur que la finance traditionnelle comprend : le rendement, les dollars et l’or.